( Les oratoriens: entretien imaginaire )
Vous nous disiez à la fin de notre entretien que vous aviez planté une croix sur le Mont Peuchaud. Qu’avez-vous fait ensuite ?
Je suis parti à Rome à la suite de M. d’Alincourt (1) qui y allait en ambassade et j’ai assisté au couronnement du pape Paul V. A mon retour, j’ai fait construire une chapelle, à l’emplacement de la croix, que j’ai appelée Notre Dame de Grâces ce qui a donné le nom au village où elle se trouve, la première messe y fut célébrée le 21 novembre 1608. Vous imaginez ma joie. D’autant que très vite, la foule se précipita et il fallut aménager des chemins sur la montagne pour faciliter les accès.
En 1609, j’ai pris le titre de seigneur de Peuchaud.
Excusez-moi, mais ce n’est pas un titre très prestigieux puisque Peuchaud qui signifie d’une certaine façon Mont Chauve est une terre désolée, caillouteuse.
Vous ne comprenez pas, c’est sur ce mont que j’ai fondé ma première église et déjà les pèlerins se pressent pour venir y prier. Je ne suis pas comme mon ami le marquis de Nérestang (2) qui a été maréchal de camp de Henri IV et qui a installé à Grangent les premiers ermites avant de mourir à la bataille du Pont de Cé. Je ne suis pas un homme de guerre, je suis un homme de paix, de prière. Mais si vous préférez, j’ai un autre titre plus conventionnel, je suis prieur et seigneur de l’abbaye de Saint Germain l’Herm.
Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous froisser. Vous évoquez votre ami de Nerestang, n’est-ce pas des ermites de Grangent que vous avez fait venir à Notre Dame de Grâces ?
Effectivement, il fallait donner l’église à un prébendier (3) , au début c’est le curé de Chambles qui s’est occupé des offices puis en accord avec mon ami deux ermites espagnols les pères Ximénès et Ange Marni s’y sont installés et y ont vécu , d’aumônes, quelques années.
M.Delagarde (à suivre)
(1)D’Alincourt : gouverneur de la ville de Lyon
(2)de Nérestang : seigneur d’Aurec
(3)Prébendier : ecclésiastique